Le 12 février 2014 à 18 h 30
à la Cinémathèque Québécoise
Quatre investigations
PAR MARIE-JOSÉE JEAN
Crise financière, économie de marché, mondialisation, structures idéologiques sont autant de concepts théoriques susceptibles de poser problème en raison de leur caractère abstrait. Soulever la question en ces termes est peut-être inadéquat puisque c’est non pas tant l’abstraction qui fait ici problème – toute théorie étant la représentation abstraite de la réalité – que le fait que l’économie semble être trop souvent en décalage avec la réalité.
Les quatre films proposés dans ce programme reposent sur différentes investigations menées par Michael Blum, qui, à partir de réalités très concrètes – une paire de chaussures fabriquée à Jakarta, la confiserie Karl Marx à Kiev ou les revers des systèmes idéologiques du siècle dernier – nous aide, avec humour, à mieux comprendre comment s’élaborent l’Histoire et ses théories.
Programme
Wandering Marxwards (Canada, 20 mn, 1999. VOA) est une divagation fantasque élaborée à partir de la tentative d’adaptation cinématographique ratée de Das Kapital par Sergei M. Eisenstein. Le film examine la pertinence d’une relecture du travail de Karl Marx – 150 ans après la publication du Manifeste du Parti communiste et parallèlement aux négociations clandestines de l’Organisation mondiale du commerce qui ont ouvert la voie à la mondialisation – en mettant en scène un protagoniste qui fait justement la lecture de l’ouvrage. Tourné à la manière de la comédie burlesque, Wandering Marxwards interroge avec humour l’écart historique entre la révolution industrielle et la mondialisation des marchés.
Charlie Marx and the Chocolate Factory (Ukraine/ Autriche, 27 mn, 2009. VOA) propose une investigation sur le lien existant entre la production du chocolat dans une confiserie de Kiev et la théorie politique. Cette fabrique de confiserie a été nommée « Karl Marx » en 1923, en l’honneur du théoricien, avant d’être modernisée, puis privatisée au début des années 1990. Elle continue néanmoins de produire des articles tels que le gâteau Kievsky datant de l’ère soviétique, devenu le symbole de la ville d’Ukraine. Composé d’images d’archives et de reconstitutions – l’accès à l’usine ayant été refusé à l’artiste – le film interroge le glissement, notamment sémantique, de la langue de bois soviétique au jargon corporate du néo-capitalisme.
Dans l’essai vidéo The Three Failures (Lettonie/Suède/Autriche, 22 mn, 2006. VOA), Michael Blum porte un regard critique sur les trois grandes idéologies du 20e siècle en les réunissant dans un conte burlesque : un personnage excentrique raconte l’échec du communisme, l’impasse de la social-démocratie et le déclin du capitalisme dans un discours composé de citations. Tourné à Riga (en Lettonie), à Malmö (en Suède) et à New York (aux États-Unis) – des villes représentant ces différents systèmes politiques à un moment donné de leur histoire –, le film propose une relecture critique des idéologies politiques tout en interrogeant l’histoire moderne et ses utopies politiques et sociales.
Capri in Tangerang (Indonésie/Autriche, 45 mn, 2011. VOSTF) est la suite du film My Sneakers (2001), dans lequel Michael Blum se rend en Indonésie à la recherche de la manufacture où ses chaussures Nike ont été fabriquées. Une décennie plus tard, il effectue une seconde visite à Jakarta pour retrouver, cette fois, le lieu de production des chaussures de sa fille. Les usines indonésiennes produisent encore ces chaussures bien que le monde autour ait complètement changé…
Exposition
Michael Blum. Guerre et paix
2014.02.07 - 04.12
Guerre et paix, la nouvelle exposition de Michael Blum, comprend une installation et un film qui relatent la cavale du célèbre criminel français Jacques Mesrine au Canada à la fin des années 1960…
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