VOX — Centre de l’image contemporaine

Klaus Scherübel, Sans titre (Exposition Mousseau-Riopelle chez Muriel Guilbault, 1947)
Crédits

Klaus Scherübel
Le cas de l'exposition Mousseau-Riopelle chez Muriel Guilbault (1947)

2019.05.15 - 07.13

Klaus Scherübel réalise une intervention curatoriale et artistique à VOX, centre de l’image contemporaine. Depuis plus de soixante-dix ans, les expositions automatistes ont été largement étudiées dans les monographies et les anthologies jusqu’à être aujourd’hui considérées comme des événements légendaires. Or, ces ouvrages, tout comme les catalogues d’exposition, façonnent notre perception des œuvres et orientent notre façon d’appréhender leur contexte d’apparition, que ce soit par la teneur des commentaires critiques ou par la qualité des documents visuels qu’ils contiennent. Au fil du temps, différentes photographies se sont progressivement superposées à notre conception de ces expositions jusqu’à devenir leur référence visuelle ultime. Cherchant à faire travailler le temps « à rebours » et à réactualiser le passé en partant du présent, Klaus Scherübel a utilisé de telles images comme outil conceptuel : il a reconstitué, en trois dimensions, une photographie en noir et blanc qu’a captée Maurice Perron en 1947 dans des circonstances devenues historiques. Par cette déroutante opération, l’image qui était d’abord reproduite dans l’« espace du livre » s’insinue dans l’espace de la galerie et acquiert, à travers cet effet de basculement, la forme d’une exposition.

Le cas de l'exposition Mousseau-Riopelle chez Muriel Guilbault (1947)

VOX poursuit le cycle de recherche Créer à rebours vers l’exposition par la reconstitution de l’exposition que Mousseau et Riopelle ont tenue chez Muriel Guilbault en 1947. Conçue avec la collaboration de Klaus Scherübel, cette septième réactivation historique fait suite à sa reconstitution de la seconde exposition des automatistes. L’artiste a reconstitué ces expositions à partir des photographies captées par Maurice Perron qui, transposées dans les galeries de VOX en trois dimensions, offrent la réinterprétation de scènes où se sont jouées des événements marquants de notre modernité.

L’exposition de Mousseau et Riopelle a eu lieu dans l’appartement de la comédienne Muriel Guilbault, dans lequel Jean-Paul Mousseau a, pour l’occasion, conçu une scénographie manifestement inspirée des expérimentations surréalistes : il a recouvert partiellement les murs d’une draperie de jute et installé les œuvres exposées sur une grille métallique, de manière à augmenter l’effet surréel du lieu. Les photographies de Maurice Perron ne montrent pas tant les œuvres exposées qu’elles font ressortir la mise en scène qu’il a de toute évidence orchestrée avec ses collègues du groupe automatiste. Il a ainsi exploité les éclairages pour souligner les ombres portées et accentuer le caractère expressionniste de l’ensemble. Klaus Scherübel reconstitue, quant à lui, cette exposition en portant moins son attention sur les œuvres de Riopelle et de Mousseau que sur l’expérience suggérée par sa scénographie, sa documentation et sa réactivation en galerie, plus de soixante-dix ans plus tard.

L’utilisation des œuvres de Maurice Perron est possible grâce à l’aimable permission de Line-Sylvie Perron et le MNBAQ. Cette exposition bénéficie du soutien financier de la Chancellerie fédérale d’Autriche et du Conseil des arts et des lettres du Québec.