VOX — Centre de l’image contemporaine

Vue de l'exposition _Bill Vazan. Walking into the Vanishing Point_, VOX, 2007. Photo : Michel Brunelle.
Crédits

Bill Vazan. Walking into the Vanishing Point

2007.05.05 - 06.23

Itinéraire conceptuel

La pratique de Bill Vazan est généralement associée au land art et aux montages photographiques. Pourtant, dès la fin des années 1960, cet artiste élabore un langage conceptuel singulier et réalise des oeuvres emblématiques qui, jusqu’à présent, n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière. Soucieux de poursuivre la recherche amorcée sur le conceptualisme, à la suite de la présentation de la N.E. Thing Co. et de Iain Baxter&, il nous a semblé essentiel d’organiser la première exposition consacrée au travail conceptuel de Bill Vazan. Cette exposition présente des oeuvres inédites, des expérimentations vidéographiques et un appareil documentaire important. Elle a été réalisée avec la complicité d’étudiants en histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal dans le cadre d’une formation qui a permis de les initier aux multiples aspects de la conception et de l’organisation d’une exposition.

Journal VOX 23

Depuis la fin des années 1960, Bill Vazan réalise des itinéraires à pied et en voiture, des tours en autobus ou des circuits en métro tant à Montréal qu’à Toronto. Cette entreprise de nature performative prend la forme de séquences photographiques, constituées parfois d’une centaine de prises de vue, de cartes retraçant le parcours accompli et de notations. Les photographies sont toujours réalisées selon un protocole systématique (prises à tou­tes les intersections, à chaque arrêt d’autobus, etc.), imitant rigoureusement les caractéristiques de la photographie amateur : cadrage approximatif, reflets et interférences indésirables, indifférence à l’éclairage. Cette manière de faire a le mérite de diriger l’attention sur le processus et de rendre visibles, du moins palpables, le temps et l’espace expérimentés dans les parcours. Contrairement à sa pratique du land art qui donne lieu à des images scrupuleusement réfléchies et composées, Bill Vazan cherche à saisir dans ses déplacements une expérience immédiate où l’observation et l’enregistrement se font simultanément. La marche ou tout autre déplacement, indissociable de l’acte photographique, représente donc pour Bill Vazan une tentative conceptuelle de transformer la distance entre deux points en la matière même de l’œuvre.

Cette action locale se développera à une échelle mondiale lorsque l’artiste entreprend la réalisation des projets Canada Line (1969-1970), Worldline (1969-1971) et Intercommunication Lines (1968/2002), lesquels représentent une prise de conscience de mouvements désormais globaux. Il trace une ligne dans les musées de huit villes canadiennes puis dans dix-huit villes du monde en apposant au sol un ruban noir pour ainsi relier virtuellement tous ces lieux. Le projet Worldline, mondialement et simultanément mis en œuvre le 5 mars 1971, a donné lieu à une publication qui documente toutes les étapes de la réalisation du projet. Cette ligne virtuelle n’est pas moins réelle que les frontières entre les pays, les corridors aériens, les communications par satellite ou les coordonnées géodésiques. Elle manifeste une nouvelle forme de l’espace et du temps devenue abstraite avec la nouvelle société de communication globale. Worldline et Intercommunication Lines rendent manifestes ces lignes qui, configurant l’espace mondial, signent la fin des distances, compriment le temps tout en produisant d’importants mouvements sociaux, économiques et individuels.

Toujours d’actualité, les enjeux soulevés par les œuvres de Bill Vazan le sont dans un langage conceptuel dominé par la ligne. Celle-ci est éphémère ou imaginaire, tracée dans la neige, dans le sable ou même sur des cartes postales, bien que le plus souvent elle soit configurée par des déplacements. Si la ligne domine dans la pratique conceptuelle de Bill Vazan, c’est parce qu’elle lui permet de rendre visibles les liens qui unissent les choses entre elles, tant dans un territoire local que dans un système de communication mondial.

Cette exposition est le résultat d’une formation visant à initier des étudiants en histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal à la conception et à l’organisation d’une exposition.

Assistance au commissariat d’exposition : Saada El-Akhrass, Catherine Héroux et Eugénie Marcil. Financement : Pascale Gagnon-Boucher et Élisa Mottard. Recherche et documentation : Justine Lebeau et Geneviève Loiselle. Logistique : Daniel Gagnon. Coordination du Journal : Laurence Beaumier-Breton. Circulation de l’exposition : Huguette Laperle. Promotion et relations de presse : Jacinthe Blanchard-Pilon et Marie-Josée Roch. Animation : Andréanne C.-Desfossés.