
Ivan Binet
Répertoire d’horizons
2002.06.13 - 08.18
SÉBASTIEN MARTIN
La promenade est un acte solitaire. Le promeneur parcourt les routes sans itinéraire fixe, s’adonnant souvent à la rêverie pour enfin aboutir en un lieu qu’aucun autre à part lui n’aura foulé. Au hasard de ses déambulations, il arrivera parfois qu’il croise un autre promeneur, perdu lui aussi dans son univers propre. Pourtant, il se peut qu’ils échangent un regard, un sourire, un signe témoignant de la brève rencontre de leurs mondes respectifs. Quelque part, l’imaginaire les a réunis. Quand Ivan Binet, le promeneur-artiste représente la nature par le biais de la photographie, c’est presque à un corps à corps qu’il nous convie. Une rencontre qui aura lieu dans la fiction même des montages qu’il nous présente.

Bien que le collage soit pratiquement indétectable, certains détails nous renseignent soudain sur l’éventuel caractère illusoire de ces prises de vues en continu. Faisant un usage judicieux de la technologie numérique lui permettant de fondre les images l’une dans l’autre, Binet nous montre des paysages familiers quoique inconnus, soulevant par là toute la richesse de son travail. Car dans la notion même de paysage, on trouve cette idée de construction de l’esprit, de mise en cadre d’une réalité donnée. L’artiste nous communique ainsi sa propre expérience du réel, y incluant forcément une subjectivité distincte contenue dans le processus d’agencement des images. Or, nous sommes là, comme spectateur, à lire ces longues bandes presque comme un livre, inventant au fil du regard notre propre petite histoire, et recréant enfin la démarche initiale du promeneur-artiste. L’imaginaire prend corps.