Sorel Cohen : Métaphores conceptuelles
2021.11.18 - 2022.02.19
MARIE J. JEAN
C’est sur l’impossible et l’inachevé qu’un commissaire se doit de porter son attention dans l’espoir de déterrer un seul fragment signifiant, de découvrir une nouvelle perspective depuis laquelle comprendre une œuvre du passé. — Tina Kukielski
Sorel Cohen s’est distinguée sur la scène artistique montréalaise, dès les années 1970, par une approche féministe et conceptuelle de la photographie. Ce fait nous apparaît comme une évidence, mais aussi comme une version fragmentaire et certes inachevée des récits que l’histoire de l’art nous a transmis jusqu’à présent. Un examen approfondi de la pratique de l’artiste et de ses archives nous a permis de découvrir l’origine des positions que l’artiste a défendues dans son travail photographique.
C’est une série d’œuvres sculpturales qui nous a immédiatement menées, en raison de sa portée critique, à nous engager dans une relecture de son œuvre. Et pour cause : cette série nommée « Grid » reprend cette référence formelle qu’est la grille. Mais les sculptures, ici, mettent surtout à mal cette structure emblématique défendue par l’ambition moderniste de plusieurs artistes, de Piet Mondrian à Guido Molinari en passant par Sol LeWitt, et se faisant souligne l’emprise que le patriarcat avait sur les femmes et sur elle-même.
La méthodologie imaginée par Sorel Cohen sera cathartique à plus d’un égard : elle reformulera certains éléments propres au modernisme au moyen de la photographie et revisitera la représentation de la femme dans l’histoire de la peinture post-renaissante. Elle s’efforcera ainsi d’y trouver les références de traumatismes enfouis pour faire tomber les barrières qui assujettissent au patriarcat. L’artiste y parviendra, avec humour d’ailleurs, en assénant à l’histoire de l’art une décharge critique et esthétique à fonction libératrice.
Cette exposition a été réalisée grâce à la précieuse collaboration du Conseil des arts du Canada et du Musée des beaux-arts du Canada.