Period rooms
Jocelyn Robert
Lieu historique national de Sir-George-Étienne Cartier
2019.06.22 - 11.08
Jocelyn Robert a conçu une œuvre pour la résidence de sir George-Étienne Cartier, patriote, avocat montréalais, politicien réformiste derrière le projet de la Confédération canadienne. La visite des period rooms érigées à la mémoire de cet homme d’état éminent suscite de nombreuses questions. Que deviennent les idées de Cartier près de deux siècles après sa mort, maintenant que le temps a déformé ses écrits et que le contexte entourant leur diffusion n’est plus du tout le même qu’à leur parution ? Comment subsistent les échos de sa pensée dans les témoignages transmis ou dans les intérieurs d’époque de sa résidence ? L’œuvre sonore de Jocelyn Robert a été créée à partir du piano exposé dans le salon à l’étage et de la partition d’une chanson écrite par Cartier lui-même, Ô Canada ! : mon pays ! mes amours! Les notes de cette pièce sont ici transformées pour devenir des échos d’elles-mêmes, des vagues de mémoire jusqu’à ce que le sens se perde, jusqu’au silence. Au-dessus du piano, une vidéo montre une main qui tente d’écrire un texte et dont le mouvement, continu et incertain, nous maintient dans l’expectative. On constate alors, comme l’a exprimé Zaki Laïdi, que contrairement à « l’Histoire, qui met de la distance et de l’épaisseur (entre le passé et le présent), la mémoire veut […] actualiser le passé en niant les hiérarchies du temps » (Le sacre du présent, 2000).
La period room offre une expérience spatiotemporelle hautement fascinante en campant ses visiteurs dans un intérieur reconstituant un passé qui semble être loin dans le temps et figé pour l’éternité. Ce vertige anachronique se trouve accentué lorsqu’un tel intérieur est reconfiguré à partir du présent par des interventions artistiques. Celles-ci font alors apparaître de nouveaux récits, autant historiques que fictifs, ou suscite des associations avec un temps pourtant révolu. Ce faisant, les interventions créent une ouverture provisoire dans le passé figuré par la period room, encourageant les visiteurs à y faire des expériences inédites.
Sous le commissariat de Marie J. Jean, cette manifestation artistique présente les expérimentations de sept artistes contemporains – Steve Bates, Thomas Bégin, Pierre Dorion, Frédérick Gravel, Jacqueline Hoàng Nguyễn, Jocelyn Robert et Claire Savoie – dans les intérieurs d’époque du Château Dufresne, du Château Ramezay, de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, de la demeure de sir George-Étienne Cartier et de la Fondation Guido Molinari. En parallèle, Klaus Scherübel réalise à VOX, centre de l’image contemporaine une intervention artistique qui, sous la forme de period rooms, reconstitue deux expositions organisées en 1947 par les artistes automatistes.
Cet événement est l’un des 200 projets exceptionnels soutenus par le programme Nouveau chapitre du Conseil des arts du Canada. Avec cet investissement de 35 M$, le Conseil des arts appuie la création et le partage des arts au cœur de nos vies et dans l’ensemble du Canada. Projet financé dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal conclue entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec.